Poetry, drame coréen de Lee Chang-Dong
Avec Yoon Jung-hee, Kim Hira, Ahn Naesang, …
L’histoire : Dans une petite ville de Corée du Sud, Mija, une vieille femme excentrique à l’apparence soignée, vit seule avec son petit-fils collégien. Alors qu’elle n’est plus toute jeune, elle est aide à domicile pour un homme handicapé. Alors que les mots commencent à lui échapper, elle s’engage dans des cours de poésie. Alors qu’elle cherche la beauté dans sa vie quotidienne, la laideur du monde la frappe en plein visage : une camarade de son petit-fils, victime de tournantes depuis des mois, s’est suicidée. Les pères de 5 collégiens veulent acheter le silence de la mère de la victime. Le petit-fils de Mija était le sixième violeur…
Mon avis : Contemplatif comme seuls les films asiatiques savent l’être, Poetry est pourtant tout en tension. Mija est sur un fil, toujours en équilibre. Un fil tendu entre les mots qui lui échappent et ceux qu’elle couche sur le papier. Equilibre précaire entre la beauté quotidienne, d’un arbre, d’une fleur, d’un fruit, et la laideur brutale du monde : un monde où un vieillard hémiplégique ingurgite des pilules bleues pour « se sentir un homme » ; un monde où son petit-fils est un ado ingrat, odieux, qui reste impassible jusqu’au bout ; un monde où l’argent achète le silence d’une mère en deuil, où la réputation prime sur la justice, où la vie d’une jeune fille coûte 30 millions de Wons. Pourtant Mija ne bascule pas, et le fil ne cède pas : elle parvient à le détendre, tout en douceur, en trouvant, malgré tout, de la poésie dans ce monde.