La Fille qui rêvait d’un bidon d’essence et d’une allumette (Millenium 2), roman policier suédois de Stieg Larsson
Traduit du suédois par Lena Grumbach et Marc de Gouvenain
L’histoire : tandis que Lisbeth Salander fait le tour du monde avec ses millions volés, Mikael Blomkvist, réhabilité, s’apprête à publier un brulot sur le trafic de femmes en suède. Mais ces deux collaborateurs sont assassinés, et Lisbeth devient la coupable toute désignée…
Mon avis : Si le tome 1 avait ses faiblesses, il savait quand même captiver avec son enquête policière complexe et troublante. Mais ce tome 2, lui, souffre d’un défaut majeur : il est très, très, très long à se mettre en place. C’est simple, il commence véritablement à la page 230 (sur 653). Que se passe-t-il donc avant ? Pas grand-chose. Lisbeth voyage, Lisbeth fait ses courses à Ikea, Lisbeth va dire bonjour à ses connaissances, Lisbeth tente de résoudre le théorème de Fermat (?!). Bref, une version gothique-asperger de la série Caroline, sans le moindre intérêt.
En réalité, si, cette première partie a un intérêt : présenter la thèse des collaborateurs de Mikael sur la prostitution en suède. En fait, cela fait l’effet d’être en réalité le véritable but de la trilogie. En utilisant le prétexte de la fiction, l’auteur (qui était journaliste) s’offre un public bien plus large qu’un de ses articles ou essais journalistiques n’auraient pu le faire. Du coup, son histoire souffre de longueurs terribles, pendant lesquels on nous explique que les femmes sont mal traitées et que les plus hautes figures officielles y sont mêlées : on ne s’en doutait pas du tout. Pendant ce temps là, l’histoire est complètement laissée de côté. On a donc d’un côté une sorte de long article de presse, sauf qu’il est fictif et perd donc la majeure partie de son intérêt, et de l’autre une histoire-prétexte, qui aurait pu être très bien, mais qui est totalement sacrifié au véritable objet du livre.
La deuxième partie du livre, heureusement, décolle un peu plus, avec l’enquête policière et les révélations qui s’enchaînent. Mais ça en devient également un défaut. Car sous peine de nous faire un maxi pavé, Larsson n’a maintenant plus trop de pages pour nous dérouler ses révélations, et celles-ci s’enchaînent donc si vite qu’on a à peine le temps de s’en étonner. D’ailleurs, une partie de ces révélations sont un peu vieilles comme le monde, et on le sent un peu venir depuis un moment. D’autres éléments de l’histoire, eux, sont carrément ridicules et absolument pas crédibles (mais bon, chut, pas de spoiler). Qui plus est, le bouquin se termine quasiment en pleine action, avec la moitié des questions restées en suspend, ce qui en appelle, lourdement et artificiellement, au tome 3.
Au final, donc, j’ai la sensation d’une trilogie forcée, lorsque 2 tomes auraient largement suffit (mais forcément, un livre et une suite, ça fait moins hype qu’une trilogie). Je suis tellement en boule que je n’en ai presque pas envie de lire le 3ème tome, si c’est pour encore me farcir 300 pages de bla-bla journalistique suivi de 400 pages d’une histoire à l’arrache toute bousculée. Cela confirme tout le bien que je pense des best-sellers, ça n’est vraiment pas gage de qualité…